A bon entendeur - Chemin de Lumière

Je ne t’aime que momentanément, par bribes d’histoires, par cris de jouissance, par un malheureux jeu du destin, quand de ton corps tu me fais prisonnière du mien.

Tu es l’homme du moment, tu ne seras jamais celui de mes rêves, car je ne rêve que de moi. Cesse donc de me faire éprise car je ne m’en prendrais qu’à toi, quand je serais l’autre, faible, impuissante, en panne constante de plaisir.

N’oublie pas que le meilleur en moi reste l’insaisissable. Savoure cette femme détachée, libre, heureuse, avant que ne vienne à terme l’illusion de l’amour. Que dis-je ? Détruis plutôt cette illusion de toutes tes forces. Réagis pour qu’on puisse encore se délecter de la seule vérité qui tienne la route…plaisir, désir, perdition totale par moments, par bribes d’histoires.

J’aime quand tu me défis. J’aime quand tu me violente. J’aime quand dans ton regard je retrouve ma vraie image, femme, pleinement femme, ton alter-ego, ton image d’homme libre. J’abhorre cette tendresse subite, cet élan d’homme puissant qui veut faire sienne la femme, ta protection, cette vaine tentative de serrer dans tes bras l’être faible qui git en moi.

Je n’ai nullement besoin de le dire en mots, tu connais mes cris, cette voix rauque du plaisir ultime que tu risque d’éteindre à jamais, en l’étouffant sous le poids du mirage…l’amour.

Fais moi crier mon plaisir, fais moi chanter la vie et cette joie immense quand je retrouve Dieu dans le gout salé de ta peau.

Fais-moi m’éterniser, non dans la durée de l’amour, mais seulement dans ces quelques secondes de jouissance.

Je vous ai aimé - Ode à l'Onde

Me revoilà donc à vos yeux qui ressurgit,
Clamant la clémence d'un cœur qui languit,
Qui de vos soins cruels vous avez massacré
Qui pour avoir aimé s'est trouvé immolé.

Souffrez que je vous aime malgré moi, malgré vous
Même si longtemps de moi votre cœur se joue,
Je n'ai pourtant dédié ma fleur qu'à vous,
Embrasant de désir cette passion que je voue.

Ô mon amour, de ce nom j'ose encore vous nommer
Même si de mes yeux j'ai vu les vôtres détournés
Quoique trompée dans mes attentes et violée dans mes rêves,
A votre vue tout s'oublie et l'espoir en moi se relève.

Je vous ai aimé...

Dans un miroir - Chemin de Lumière

Je fais une prière muette devant un dieu indifférent. Il me répond avec des battements d’ailes de papillons. Il me dit que la prière et l’effet sont insignifiants.

Je pleure les larmes d’un enfant apeuré. Il me toise avec des yeux bleus et me renvoi un sourire narquois, estompé par une lèvre déchiquetée. Ses larmes ont déjà séché.

Je crie l’écho de l’hurlement d’une femme violée. Elle me voile la voix d’un drap blanc sur son corps enseveli. Les cris violent la quiétude d’un vol de nuit.

Je cours sur les champs de blés brulés, usurpés par l’étranger. Les épis me frôlent les pieds, entaillent de leur suc mon âme embrasée. Le vent fait taire le feu, l’eau est épuisée.

Je disperse sur le sable les photos de famille, le père est absent, le grand père agonisant, mon cœur orphelin. Ils sont tous là, gravés sur une écorce d’un arbre sans fruits.

Je souri à un fantôme sifflotant sur la colline. Il sculpte une maison ruinée et s’enfuit. Sur les murs, une peinture rouge et quelques rires méchants.

Je m’habille de la sueur d’un homme. Il cherche l’enfant, berce la femme, pense au grand-père agonisant, cultive les épis parsemés, croule sous les ruines de la maison.

Je me regarde dans un miroir, prie, pleure, crie, souri, m’enfui en courant. Je disperse çà et là quelques goutes de sang.

Je me meurs. Je revis. Je suis.

Je suis le dieu et l’enfant, la femme et l’homme, les épis de blés, un fantôme.

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